Expérience de la France et le Togo?
La sémantique a son importance, surtout en économie. La confusion entre créer son activité - autrement dit, son « job » - et créer une entreprise se répand, y compris de la part d'éminents économistes. Comment en effet continuer à propager l'illusion que tous les autoentrepreneurs qui s'inscrivent d'un clic créent de véritables entreprises pérennes et destinées à se développer et à embaucher ? La majorité d'entre eux, la moitié selon l'Acoss, ne déclarent aucun chiffre d'affaires et, selon l'Insee, 90 % dégagent, au bout de trois ans, un revenu inférieur au Smic au titre de leur activité non salariée (septembre 2012) ! Leur démarche est celle d'hommes et de femmes qui recherchent une activité complémentaire ou, poussés par le recul de l'embauche salariale, ont la volonté d'entreprendre. Mais très vite, ces derniers se retrouvent dans une impasse : revenus faibles, victimes du salariat déguisé, pas de cotisation suffisante pour la retraite… Il y a comme un léger biais quand on comptabilise des clics et des entreprises… et une faute lorsqu'on en conclut que la création d'entreprise, en France, est prometteuse.
Pour les entreprises artisanales, ce régime a d'autres conséquences. Le régime de l'autoentrepreneur ne correspond pas au modèle économique de l'artisanat fondé sur la qualification et l'entreprise qui se développe en formant des compagnons. Or la moitié des nouveaux inscrits au répertoire des métiers sont des autoentrepreneurs ! Pour faire face, les autoentrepreneurs se voient proposer des formations et un accompagnement par les chambres de métiers et de l'artisanat. Car développer une véritable entreprise se prépare et s'apprend… Certains franchiront le pas et sortiront par le haut d'une situation précaire qu'il faudra bien, prochainement nous l'attendons, revoir et limiter dans le temps. Les autres vivoteront tout en concurrençant les entreprises artisanales qui, elles, paient leurs charges et maintiennent l'emploi de nombreux salariés.
En plein marasme économique, comment peut-on encore vendre de l'illusion ?
François Moutot
www.lesechos.fr
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